Thibault Chauvin, négociant de café vert
Chez Owl Brothers, nous avons à cœur de vous faire découvrir le café de spécialité dans tous ces aspects. Il nous semble important de mettre la lumière sur tous les acteurs qui contribuent à vous proposer un café exceptionnel. Le café de spécialité s’inscrit dans une démarche qualitative, et chaque maillon de la chaîne a son rôle à jouer.
Voici la première interview de notre série sur les personnages du café de spécialité. Nous avons souhaité éclairer le rôle de négociant de café vert avec Thibault Chauvin de Cuprima.
Pouvez-vous décrire votre métier, qui vous êtes et qui est Cuprima ?
Cuprima est une division de l’importateur Belge EFICO. Cuprima c’est donc un importateur de café verts de spécialité. Notre métier consiste à faire du sourcing, il s’agit de sélectionner des cafés verts, les importer en Europe (en Belgique). Il faut à la fois dénicher des cafés, les sélectionner, les importer, et aller chercher d’autres informations pour que les torréfacteurs mettent bien en valeur les cafés.
Basé en Belgique, nous avons un entrepôt 100% Café Vert ce qui est assez unique en Europe. Efico a aussi une équipe au Guatemala qui eux, vont gérer tous les contacts avec les producteurs d’Amérique Centrale, qui nous aident beaucoup pour être en relation avec eux, ils nous donnent un pied à terre tout au long de l’année, il y a une autre équipe au Brésil et en Éthiopie pour faciliter le suivi et l’importation du café.
Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler dans le café ?
C’est vrai que donc moi, l’industrie du café m’a toujours un peu attiré car cela donnait la chance d’être en contact avec différents pays après j’ai commencé à faire une école de commerce, j’ai un master en Commerce International, j’ai commencé à travailler dans les achats à EDM qui est une filiale EDF à Mayotte, dans cet univers-là des achats mais qui n’avait rien à voir avec l’industrie du café.
Puis je me suis dit bon j’avais envie de tenter un peu de rentrer dans l’univers du café, sans forcément trouver une annonce de Job. J’ai postulé pour des importateurs en Europe plus particulièrement en Espagne, pour un importateur de café de spécialité espagnole.
J’ai commencé par de la logistique, je suis partie de zéro, j’ai été formé au café vert, par différentes formations, ensuite je suis passé commerciale, donc la vente de café vert auprès des torréfacteurs.
Ensuite je suis partie en Belgique pour intégrer la division Cuprima pour les cafés de spécialités et donc voir mon métier aussi évoluer.
Donc je suis toujours dans la partie Commerciale mais je m’occupe aussi de la partie achat, je participe activement aux sélections des achats de café, donc là je pars demain en Éthiopie, ce qui fait partie de mon job également afin de pouvoir voyager dans différents pays producteurs pour sélectionner les cafés, rendre visite à nos producteurs également.
Donc moi mon poste est ce qu’on appelle un poste de Trader de café, cette notion en français c’est vrai qu’elle fait un peu peur, on pense vite à Wall Street et tout cet univers, quelque chose de très spéculatif, or pas du tout, Trader signifie acheter et vendre à proprement parler, donc voilà c’est ça mon vrai travail, ce que je fais, donc j’achète du café, et à la fois je le vends. Je suis trader en café vert de spécialité.
Très bien ! Quelle serait votre définition du café de spécialité ?
Oula… c’est une question peu évidente, pour cela il a une définition directement de la SCA qui définit qu’un café qui répond à différents critères techniques, qui donne un score de plus de 80 points, est un café de spécialité. Ça c’est la définition purement technique, que nous utilisons, les normes SCA, après le monde de cafés de spécialités, je trouve qu’il englobe également d’autre éléments qui sont plutôt à la main de chacun, tout le monde a sa propre notion du café de spécialité, nous à Cuprima, on y intègre des éléments de traçabilité, on considère qu’un café de spécialité peut être retracé jusqu’à son origine, ça peut être jusqu’à une plantation ou à une coopérative, mais on est quand même en mesure de dire d’où vient le café avec plusieurs éléments.
C’est vrai que les éléments de traçabilité ce sont des éléments super importants pour nous. On intègre également de plus en plus de critères environnementaux dans nos sélections. D’autres intégreront encore d’autres éléments à leur définition d’un café de spécialité. C’est encore une définition en construction dans le monde du café.
Mais pour moi personnellement, un café de spécialité il faut que ce soit du 80 point et plus, quelque chose d’unique et de traçable.
Comment voyez-vous l’industrie du café dans les prochaines années ?
Je pense que c’est une industrie qui évolue beaucoup, on parle de la 3ème vague, de la 4ème vague, et c’est pourtant une boisson qui existe depuis toujours, depuis des millénaires, et pourtant elle est toujours en constante évolution, les habitudes et les recherches des consommateurs changent constamment, on voit des tendances qui changent ce qui est intéressant pour les torréfacteurs car ceux qui s’y intéressent vraiment changent peut-être leurs habitudes des cafés de supermarchés et pensent peut-être plus à aller chercher leurs cafés chez les torréfacteurs de leur quartier.
On voit même l’évolution dans les restaurants car c’est vrai que c’est toujours hallucinant d’aller dans un beau restaurant, dans des restaurants gastronomiques et finir par boire un café très standard, alors que c’est un produit à la même hauteur que le vin qui se mélange bien avec les desserts, donc c’est vrai qu’il y a beaucoup d’évolution. Le marché du café de spécialité va continuer à se développer, c’est une tendance positive, de façon globale, le marché du café est soumis à beaucoup de problématique notamment le gèle au Brésil en 2021, un dérèglement logistique dû au Covid, ce qui explique l’augmentation du prix du café…
C’est vrai que les consommateurs vont devoir payer plus cher leur café ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose. C’est un produit qui va changer, coûter plus cher et dans les années à venir voir plus loin, certains parlent d’une guerre du café, dû au changement climatique. Il va être de plus en plus difficile de cultiver le café, les producteurs vont devoir monter de plus en plus en altitude pour que leurs cafés puissent pousser normalement sans avoir des problématiques avec des insectes qui pourraient endommager les grains, la production risque de baisser ou de changer un peu et forcement le café va se raréfier et devenir plus cher, c’est pour ça que plusieurs études sont faites pour créer de nouvelles variétés, plus résistantes, tout en restant de l’arabica.
Très bien, j’ai une dernière question toute simple, quel est votre café préféré ?
Oula ! Même si l’aspect génétique est important, il y a tellement d’autres facteurs qui vont impacter la qualité d’un café ( terroir, process, séchage etc..) qu’il est difficile d’attribuer un bon café à une seule origine. C’est vrai que malgré tout j’ai un gros penchant pour les cafés Éthiopiens, car c’est vrai qu’ils ont une complexité et ce côté vraiment floral et délicat qui est vraiment chouette. J’aime également beaucoup les cafés Colombiens aussi qui sont des cafés très bien balancés, à la fois doux mais avec une belle acidité et ce gout chocolat caramel derrière qui est super. Après honnêtement, il a de très bons cafés partout.